C’est avec une grande simplicité et un sourire radieux que, Nesha Govinden a accepté de me parler de son identité indienne, elle qui vit à l’Ile Maurice, où près de 68% de la population a des origines indiennes.
Son grand-père vient du sud de l’Inde mais c’est surtout son papa qu’il lui a transmis le goût de la tradition et des valeurs indiennes. Nesha a beaucoup d’indianité en elle, qu’elle provienne de la culture ou de la religion. Elle aime cuisiner des plats indiens, regarde des films bollywood et aime s’habiller en tenue indienne. Même si elle ne suit pas tous les rituels dans les temples, Nesha se rend régulièrement aux processions hindoues et s’est même percée les joues pour le Kavadi, une célèbre fête hindoue, que les Mauriciens considèrent comme tamoule, où les dévots du dieu Murugan se percent joues, langue ou la peau du corps pour laver leurs péchés.
Nesha est fière de cet attachement à l’hindouisme et se plaît dans cette double identité indo-mauricienne.
Elle a appris le français à l’école, car c’est une langue obligatoire mais elle aimerait beaucoup parler le tamoul, ce qui n’est pas du tout courant à Maurice même si les langues indiennes sont proposées en option dans le système scolaire mauricien.
La jeune femme n’a fait qu’un seul voyage en Inde du nord mais aimerait davantage le découvrir et voudrait continuer à transmettre sa culture à ses enfants plus tard. Aujourd’hui, Nesha fait du mannequinat qui sort de l’ordinaire, à travers des mises en scènes et des vêtements qui rappellent l’Inde. Avec générosité et assurance, elle s’illustre ainsi dans des saris somptueux sur des photos prises par son compagnon, photographe professionnel. Elle refuse de suivre le diktat de la mode et de la minceur, tel qu’il est se donne à voir dans la presse occidentale. Elle veut affirmer qu’on peut aussi être belle en sari et même avec des formes dans un contexte qui fait revivre la tradition indienne.
A l’image de Nesha, beaucoup de mauriciens et mauriciennes veulent affirmer leur identité tamoule de Maurice. Cela se reflète dans la société avec le renouveau culturel et religieux, à travers la multiplication des célébrations des fêtes dédiées aux divinités sud-indiennes, par un développement de l’enseignement de la langue tamoule, par la tenue de conférences internationales sur la culture et la diaspora tamoules, ou encore par la rénovation des temples.
Un peu d’histoire
Aujourd’hui, la population de l’Ile Maurice, se compose principalement d’hindous avec des minorités musulmanes, chrétiennes, bouddhistes et baha’ies. La langue maternelle de l’ensemble des Mauriciens est le créole mauricien, tandis qu’une minorité d’Indo-Mauriciens utilisent encore à la fois leur langue ancestrale et le créole à la maison.
Les premiers travailleurs originaires du Tamil Nadu, sont arrivés en 1734 sur l’Ile sous la colonisation française (1715-1810) mais leur histoire est très mal connue. Certains historiens pensent que la plupart des premiers immigrants étaient des commerçants, dont certains riches et puissants.
Avec l’abolition de l’esclavage promulgué le 1er février 1835, et sous la colonisation britannique (1810-1968) que des indiens sont arrivés comme engagés coolies, pour travailler dans les plantations de sucre. C’est ainsi que l’Ile Maurice a accueilli entre 1834 and 1921 près de 450 000 migrants indiens, ce qui en faisait la plus grande colonie britannique de migrants sous contrat. Les travailleurs sous contrat étaient pour la plupart originaires des États du Bihar et de l’Uttar Pradesh, avec un grand nombre de Tamouls, de Telugus et de Marathis. Chaque année le 2 novembre, les Mauriciens commémorent l’arrivée des engagés indiens sur le site de Aapravasi Ghat.
Merci Vinna pour cet article. J’ai eu la chance à l’ile Maurice d’être accueilli par un “prêtre” tamoul, (l’équivalent d’un “évêque” dans la religion catholique), chez lui, au sein de sa famille, le soir de Divali 2012 la fête des lumières. Il s’appelle, Ravin, et j’ai vécu un moment extrêmement fort vibratoirement en sa présence, habillé dans sa tenue blanche et officiant dans son petit temple, lui aussi tout blanc, localisé face à une entreprise. Il travaillait la semaine pour omnicane. C’était avant mes deux séjours en Inde du Sud, j’avais pas d’info sur la culture indienne à l’époque.
Si Nesha le connait, je serais très heureuse de le saluer par son intermédiaire (laurence et nicolas de France). J’en garde un chaleureux souvenir. Merci beaucoup Vinna.
Bonjour Laurence,
merci pour ton partage. Je transmets à Nesha, peut-être qu’elle le connaît.
[…] Nesha, une indo-mauricienne qui fait vivre la tradition indienne […]