Chaque année, des hindous conservateurs s’acharnent sur la St Valentin, qu’ils considèrent comme une fête occidentale pervertissant les jeunes Indiens. Les cafés, les fleuristes et les restaurants sont mis à sac. Leur argument est clair: la St valentin est non seulement une fête commerciale mais en plus elle inciterait les jeunes à avoir des rapports sexuels, ce qui est interdit avant le mariage, dans la culture indienne. Pourtant, l’Inde fut un pays où la sexualité et l’érotisme étaient intimement liés à la puissance divine et où l’acte d’amour était considéré comme une expérience mystique. Mais en m’y intéressant de près, je me suis interrogée sur les véritables origines de ce puritanisme dans l’Inde contemporaine et j’ai découvert de nombreuses contradictions…
On peut l’expliquer par l’histoire. Au cours de la période coloniale, les élites hindoues ont adopté les visions des britanniques sur leur propre religion, mêlant des valeurs du protestantisme et considérant cette culture comme plus civilisée. Les missionnaires Européens ont aussi largement incité les peuples à avoir des comportements et des pensées plus évangélistes. N’est-ce pas pendant la présence des colons Britanniques que l’homosexualité fut interdite ?
L’influence de l’Islam à travers l’empire Moghol, a sans doute aussi des choses à nous révéler alors même que sensualité et sexualité étaient très présentes dans les cours et harems des rois.
Puis récemment, la mondialisation également a un rôle dans cela. Par l’importation d’une culture moderne et d’un mode de vie occidental, l’Inde contemporaine ne cesse de provoquer la colère des extrémistes hindous.
Le cinéma indien lui-même est un vecteur puissant de ce puritanisme, mais totalement contradictoire aussi. D’un côté, les histoires d’amour prennent une large place dans les films avec des scènes de baisers ou de câlins de plus en plus portés à l’écran. D’un autre côté, les jeunes ne peuvent s’embrasser ou se câliner dans des lieux publics. Les films créent aussi un véritable mythe, celui de l’amour unique. Rares sont les films où l’on voit apparaître un ex- ou ex-une petit(e) ami(e). Cela induit inconsciemment l’idée que la femme est chaste jusqu’à son mariage, or surtout dans les grandes villes indiennes, cela paraît invraisemblable.
Dans la réalité, l’amour semble être davantage un passe temps, peu pris au sérieux par les jeunes générations d’Indiens. Ils sont conscients qu’ils ne vont pas forcément se marier avec leur amour de jeunesse car le poids de la famille est toujours aussi important mais cela ne veut pas dire qu’ils s’abstiennent de toute relation. Les parents en choisissant leur futur partenaire s’assurent de la sécurité financière et matérielle de leur fille/garçon, ce qui est un tracas en moins pour ces jeunes. De plus, la compétition dans le monde professionnel, les oblige à être moins disponibles pour leur vie amoureuse avant mariage. On est donc bien loin de la réalité vue du cinéma indien.
Donc, même si le puritanisme est encore présent dans l’Inde moderne, il est de plus en plus mis à rude épreuve.
Bonjour,
Je viens de m’abonner à l’instant à votre blog, mais il est vrai que j’aurais souhaité en savoir plus, sur l’équipe journalistique qui dirige et écrit ces articles? Sont-ils indiens ? Merci
Bonjour Véronique,
merci pour votre abonnement. Je suis la seule rédactrice de ce blog. Je suis française d’origine indienne.
Bonne journée.